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Tous les thèmes et les livres choisis par le club

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NOGclub

Partage, échange, découverte, convivialité, simplicité, écoute... voici les mots qui définissent nos rencontres mensuelles du "club de lecture", le vendredi à 16h30 à la bibliothèque. Ci-dessous, des idées de lecture à piocher sans modération !

SEANCE DU 26 MARS 2024

"Ce roman qu'on a toujours voulu lire... Et qu'on n'a jamais lu"

L'Amant de lady Chatterley, David Herbert Lawrence, édition Livre de Poche

Chef-d'oeuvre de la littérature érotique, ce récit est l'histoire d'une épouse frustrée, au mari impuissant, et qui trouve l'épanouissement physique dans les bras vigoureux de son garde-chasse. Mais l'importance du livre est dans la peinture d'un choc historique et social qui constitue le monde moderne. Entre la communauté rurale anglaise et le monde industriel, c'est tout le tissu d'un pays qui se déchire.
La forêt du roman, où vit Mellors, le garde-chasse, représente le dernier espace de sauvagerie et de liberté ; lady Chatterley l'y retrouve et s'y retrouve, tout en voyant basculer son univers habituel. Ce roman poétique doit être lu comme un mélange de voyage initiatique, de descente aux enfers, comme une grande lamentation sur l'état de l'Angleterre, aux échos bibliques. L'intrigue amoureuse séduit à une première lecture ; mais le roman a une valeur historique et symbolique. Il a connu de nombreuses adaptations cinématographiques.

 

Du côté de chez Swann, Marcel Proust, édition Livre de Poche

Au fil des pages, le narrateur égrène des souvenirs d'enfance à Combray, puis à Paris : les promenades du côté de Guermantes ou du côté de Méséglise, les plaisirs de la lecture, l'attente anxieuse du baiser maternel, la curiosité à l'égard de Charles Swann et de sa famille, la réminiscence déclenchée par la madeleine, qui ouvre la porte de "l'édifice immense du souvenir"...
Par le kaléidoscope de scènes et de sensations qu'il déploie, Proust réveille en chaque lecteur une émotion enfouie, une impression familière, une vérité atemporelle. Publié en 1913, Du côté de chez Swann a révolutionné le roman. A la fois livre de mémoire, où la mélancolie se mêle aux impressions les plus marquantes, portrait de la haute société du début du XXe siècle, histoire d'un amour irrémédiablement terni parla jalousie, le premier volume d'A la recherche du temps perdu fait montre d'une force et d'une universalité rares, de celles qui font un chef-d'oeuvre. Une lecture essentielle.

 

La Gloire de mon père, Marcel Pagnol, éditions de Fallois

Une écriture simple mais très agréable, des descriptions délicates et poétiques. Un récit au charme désuet et si plaisant à lire.

Joseph, le père instituteur., Augustine, la timide maman., l'oncle Jules, la tante Rosé, le petit frère Paul, deviennent immédiatement aussi populaires que Marius, César ou Panisse. Et la scène de la chasse à la bartavelle se transforme immédiatement en dictée d'école primaire... Les souvenirs de Pagnol sont un peu ceux de tous les enfants du monde. Plus tard, paraît-il, Pagnol aurait voulu qu'ils deviennent un film.

 

L'Homme qui rit, Victor Hugo, édition Gallimard

A travers la destinée extraordinaire de Gwynplaine, l'Homme qui Rit, Victor Hugo brosse un tableau épique de l'aristocratie anglaise des années 1700. A la fois roman d'aventures, exposé historique et social, drame injouable et poème visionnaire, ce roman est le plus fou de tous ceux de Hugo. C'est aussi le plus riche des obsessions de son auteur. Le bateau pris dans la tempête, le pendu servant de vigie, la cabane-théâtre des saltimbanques, les tirades philosophiques d'Ursus, les machinations du traître, la chirurgie monstrueuse, le portrait de la princesse perverse, l'or des palais et le scandale à la chambre des lords sont, plus que des morceaux de bravoure, des morceaux d'anthologie. Un véritable coup de coeur pour le lecteur :)

 

L'Amour aux temps du choléra, Gabriel Garcia Marquez, édition Livre de Poche

A la fin du XIXe siècle, dans une petite ville des Caraïbes, un jeune télégraphiste pauvre et une ravissante écolière jurent de se marier et de vivre un amour éternel. Durant trois ans, ils ne vivent que l'un pour l'autre, mais Fermina épouse Juvenal Urbino, un jeune et brillant médecin. Alors Florentino, l'amoureux trahi, se mue en séducteur impénitent et s'efforce de se faire un nom et une fortune pour mériter celle qu'il ne cessera d'aimer, en secret, cinquante années durant, jusqu'au jour où l'amour triomphera.
L'auteur, prix Nobel 1982, donne libre cours dans ce roman à son génie de conteur, à la richesse de son imagination et à l'enchantement baroque de son écriture Une lecture fluide et très agréable.

 

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Séance du 19 septembre 2023

L’auteur Laurent GAUDE

 

Chien 51, paru en 2022 chez Actes Sud

Autrefois, Zem Sparak fut, dans sa Grèce natale, un étudiant engagé, un militant de la liberté. Mais le pays, en faillite, a fini par être vendu au plus offrant, malgré l’insurrection. Et dans le sang de la répression massive qui s’est abattue sur le peuple révolté, Zem Sparak, fidèle à la promesse de toujours faire passer la vie avant la politique, a trahi. Au prix de sa honte et d’un adieu à sa nation, il s’est engagé comme supplétif à la sécurité dans la mégalopole du futur. Désormais il y est “chien” – c’est-à- dire flic – et il opère dans la zone 3, la plus misérable, la plus polluée de cette cité. Ce roman policier mêlé de science-fiction met en lumière un univers de libéralisme sauvage, de mondialisation extrême et propose une réflexion sur le pouvoir et la société dans tout ce qu’elle a de plus sombre. Magnifique et désespéré à la fois, ce roman a emballé la lectrice.

La mort du roi Tsongor, paru en 2005 chez Actes Sud

Dans une Antiquité imaginaire, le vieux Tsongor, roi de Massaba, souverain d'un empire immense, s'apprête à marier sa fille. Mais au jour des fiançailles, un deuxième prétendant surgit. La guerre éclate : c'est Troie assiégée, c'est Thèbes livrée à la haine. Le roi s'éteint mais ne peut reposer en paix dans sa cité dévastée. À son plus jeune fils, Souba, échoit la mission de parcourir le continent pour y construire sept tombeaux à l'image de ce que fut le vénéré - et aussi le haïssable - roi Tsongor. Ce voyage initiatique a tenu en haleine les lecteurs. De plus, ce récit se lit très bien.

Eldorado, paru en 2007 chez Actes Sud

À Catane, le commandant Salvatore Piracci travaille à la surveillance des frontières maritimes. Il sillonne la mer, de la Sicile à la petite île de Lampedusa, pour intercepter les bateaux chargés d'émigrés clandestins. Un jour, c'est justement une survivante de l'un de ces bateaux de la mort qui aborde le commandant, et cette rencontre va bouleverser sa vie. Autour d’un sujet très actuel, grâce à une narration fluide et précise, Laurent Gaudé donne à certains de ses personnages des touches d’humanité qui provoquent l’émotion.

Le soleil des Scorta, Prix Goncourt 2004

Lorsque commence le récit, Luciano Mascalzone, un traîne-savate vivant de petites rapines, revient après quinze années de prison à Montepuccio, un village des Pouilles aux façades sales où les heures passent dans une fournaise qui abolit les couleurs. Extrêmement bien écrit, ce récit qui retrace l’histoire d’une famille italienne sur un siècle est un excellent moment de lecture.

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Séance du 21 avril 2023

Auteurs américains du 20ème siècle

 

Le chant du bourreau, Norman Mailer, publié en 1979

L’auteur dresse le portrait de Gary Gilmore, connu des Américains comme étant le premier condamné à être exécuté après le rétablissement de la peine capitale en 1976. Ce roman est un brillant réquisitoire contre la peine de mort. L’écriture est brute, et le récit fascinant.

Peindre c’est aimer à nouveau, Henry Miller, publié en 1960

Grâce à ce récit, on comprend mieux le regard singulier de l’artiste et de l’écrivain sur ses œuvres. Ecrire est la seule activité qui ait jamais paru à Henry Miller digne que l'on y consacre son temps, la Providence ou à son défaut le système D se chargeant de pourvoir aux nécessités accessoires. Mais si ardemment que brûle en lui le feu sacré, il connaît des passages à vide, où les mots semblent perdre leur sens et la vie toute substance.

Son esprit infatigable a découvert dans un de ces moments-là le pouvoir magique de la couleur : peindre c'est aimer à nouveau - c'est se recharger d'influx vital, approfondir sa vision du monde, améliorer ses dons d'écrivain, car avec Henry Miller on en revient toujours à l'art d'écrire.

Dalva, Jim Harrison, publié en 1988

Pour reprendre le contrôle de sa vie, Dalva s'installe dans le ranch familial du Nebraska et se souvient : l'amour de Duane, les deuils, l'arrachement à ce fils nouveau-né qu'elle cherche obstinément. Meurtrie mais debout, elle découvre l'histoire de sa famille liée à celle du peuple sioux et d'une Amérique violente. Chef-d'œuvre humaniste, Dalva est un hymne à la vie. Un coup de cœur pour la lectrice qui a relu ce roman passionnant deux fois déjà.

La ménagerie de verre, Tennessee Williams, publié en 1944

Saint-Louis, au sud des États-Unis. Tom, le narrateur, évoque les années passées entre sa mère et sa sœur Laura, unis autour de l'image du père qui les a abandonnés. Il gagne péniblement sa vie, accroché à ses rêves de départ et d'aventures. Laura souffre d'une infirmité et son isolement n'a fait que croître. Jusqu'à l'arrivée de Jim, un ami d'enfance de Tom...

Un huis-clos comme souvent avec l’auteur. Une atmosphère très pesante dès le départ.

Corps et Âme de Franck Conroy, publié en 1993

Ce livre est l'histoire d'un homme dont la vie est transfigurée par un don. Son voyage, jalonné de mille rencontres, amitiés, amours, le conduira dans les salons des puissants, et jusqu'à Carnegie Hall...
La musique, évidemment, est au centre du livre - musique classique, grave et morale, mais aussi la pulsation irrésistible du jazz. Autour d'elle, en une vaste fresque foisonnante de personnages, l’auteur brosse le tableau fascinant, drôle, pittoresque et parfois cruel d'un New York en pleine mutation.

Encore plus puissant qu’un coup de cœur pour notre lecteur ! Une révélation !

Un petit boulot, Iain Levison, publié en 2003 (oups, pas le 20e siècle !)

Une petite ville américaine ravagée par la fermeture de l'unique usine, délocalisée au Mexique. Jake Skowran a non seulement perdu son travail, sa télé, son aspirateur, mais aussi sa petite amie, partie vers des cieux plus cléments... Pour ne pas perdre aussi sa propre estime, il est prêt à accepter n'importe quel "petit boulot", y compris celui que Ken Gardocki, bookmaker mafieux, lui propose: tuer sa femme. Avec sérieux et application, il s'attelle à son nouveau travail...
Un portrait au vitriol de l'Amérique des laissés-pour-compte.

Notre lecteur a beaucoup apprécié sa lecture, au style loufoque et plaisant.

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SEANCE DU 20 DECEMBRE 2022 : LA LITTERATURE ISLANDAISE

Rosa Candida de Auður Ava Ólafsdóttir

Le jeune Arnljótur va quitter la maison, son frère jumeau autiste, son vieux père octogénaire, et les paysages crépusculaires de laves couvertes de lichens.
Sa mère a eu un accident de voiture. Mourante, elle a trouvé la force de téléphoner aux siens et de donner quelques tranquilles recommandations à son fils qui aura écouté sans s'en rendre compte les dernières paroles d'une mère adorée.
Un lien les unissait: le jardin et la serre où elle cultivait une variété rare de Rosa candida à huit pétales. Des moments de vie racontés de façon simple, mais qui nous imprègnent encore longtemps après. Un roman très agréable à lire.

Betty de Arnaldur Indriðason

"Dans ma cellule je pense à elle, Betty, si belle, si libre, qui s'avançait vers moi à ce colloque pour me dire son admiration pour ma conférence. Qui aurait pu lui résister ? Ensuite, que s'est-il passé ? Je n'avais pas envie de ce travail, de cette relation. J'aurais dû voir les signaux de danger. J'aurais dû comprendre bien plus tôt ce qui se passait. J'aurais dû... J'aurais dû... J'aurais dû... Maintenant son mari a été assassiné et c'est moi qu'on accuse..." Un peu trop de redondances pour le lecteur, mais une lecture prenante quand même.

La dernière tempête de Ragnar Jónasson

A l'autre bout du pays, dans une ferme d'une vallée reculée de l'est de l'Islande, un couple est l'otage d'une terrible tempête de neige quand un homme vient frapper à leur porte et réclame l'asile pour la nuit. Son discours est décousu, son regard, indéchiffrable. Les rafales reprennent de plus belle, l'électricité est soudain coupée : le couple se retrouve coincé avec l'inconnu. Pour tous, à Reykjavík ou dans la vallée perdue, ces quelques jours avant Noël vont tout faire basculer... Un roman angoissant et pesant, un huis-clos très sombre, mais tellement fabuleux à lire ! Un coup de coeur.

 

SEANCE DU 20 OCTOBRE 2022 : LES 7 PECHES CAPITAUX

 

LUXURE : Pour Les Plaisirs Du Roi, Philippe Hugon, De Borée

Le comte Jean du Barry, un gentilhomme de province sans morale ni scrupule, décide un jour d’abandonner sa famille pour se lancer dans une carrière de proxénète.

Entre intrigues, complots et débauches, Phillipe Hugon dresse un portait à la fois burlesque et historique d’une époque bien révolue et donne à voir l’ascension d’un homme devenu maître des plaisirs à la Cour. Un grand coup de cœur pour le lecteur.

PARESSE : Oblomov, Ivan Gontcharov, Gallimard

Quel régal de lecture pour notre lecteur : un roman qu’il a lu et relu de nombreuses fois. Partisan de la position allongée, Oblomov ne trouve le bonheur que dans le sommeil. Ni son ami Stolz, incarnation de l'énergie et de l'esprit d'entreprise, ni la belle Olga, avec qui se nouera l'embryon d'une idylle, ne parviendront à le tirer de sa léthargie. Entreprendre et aimer sont décidément choses trop fatigantes ! L'humour et la poésie sont au service d'une question que l’auteur laisse ouverte : et si la paresse, après tout, était moins un vice qu'une sorte de sagesse ?

ORGUEIL, AVARICE ET COLERE : David Golder, Irène Némirovsky, Grasset

Tout le monde abandonne David Golder, malade et ruiné. Mais le vieil homme se reprend et part à la reconquête de sa fortune. Travailler toute une vie pour finir seul, trompé, malade et les mains vides, c’est impensable. Traversé par des financiers véreux, des femmes cupides, des gigolos, ce roman est un portrait cruel de la richesse et du dénuement.

ENVIE : Neuf contes et nouvelles, Guy de Maupassant, L’école des loisirs

La nature humaine y est disséquée avec précision par le talentueux Maupassant. Derrière l'apparente simplicité des personnages, sont esquissés des caractères complexes et nuancés. La lectrice s’est régalée avec ces nouvelles.

 

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 SEANCE DU 31 MAI 2022, THEME : LES CLASSIQUES

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Dora Bruder, Patrick Modiano, éditons Gallimard

Ce récit, très attachant, riche et en même temps facile à lire, a passionné notre lectrice. Patrick Modiano a tenté de reconstituer la vie d'une fille parisienne de confession juive, Dora Bruder, disparue à Paris un jour de 1941. Dora Bruder et son père, juif d'origine autrichienne, furent à quelques mois d'intervalle arrêtés, emprisonnés puis internés au Camp de Drancy avant d'être déportés à Auschwitz le 18 septembre 1942, date du convoi qui les emporta vers les camps de la mort.

 

Eugénie Grandet , Honoré de Balzac, éditions Gallimard

Eugénie Grandet, jeune héritière, est prisonnière d'un père avare et despotique capable de sacrifier sa vie, et celle de sa fille, à la soif de l'or. Les illusions se heurtent ici à un monde féroce où l'argent ruine tout. Récit de l'obsession d'un homme et de la fidélité d'une femme, ce roman est aussi le portrait d'une petite ville de province où les puissants règnent en maîtres. Notre lectrice a redécouvert ce roman lu dans sa jeunesse avec grand plaisir. Elle l'a trouvé très vivant et plein de suspens.

 

Orgueil et préjugés, Jane Austen, éditions Hugo poche

Issue d'une famille de la petite gentry anglaise, Elizabeth Bennet ne manque ni d'humour ni de malice. Lors d'un bal, elle rencontre le hautain Mr Darcy, un des hommes les plus riches d'Angleterre mais aussi l'un des plus orgueilleux, qu'elle méprise aussitôt. Après avoir mal jugé le charme de la jeune femme, il tombe amoureux d'elle et mènera une longue lutte intérieure entre ce que lui dictent son coeur et son rang. Selon la lectrice, il s'agit d'un superbe romand d'amour ; un récit facile à lire qui offre une analyse très fine de la sociéte anglaise de l'époque.

 

Génitrix, François Mauriac, éditions Le Livre de Poche

Mathilde Cazenave morte, sa belle-mère jubile : elle va pouvoir reconquérir totalement son fils bien-aimé. Mais elle a tort de se réjouir trop vite, car, sur le visage apaisé de la jeune morte, Fernand entrevoit ce qu'aurait pu être le bonheur avec Mathilde. Qui l'a empêché de s'entendre avec elle, sinon sa mère ? Vieil enfant égoïste et gâté, il se retourne alors contre cette "genitrix" coupable de l'avoir trop choyé. Notre lectrice a dévoré ce roman comme s'il s'agissait d'un policier. Il amène une exploration très riche et pointue de la noirceur de l'âme humaine, sans toutefois que cela devienne une condamnation. A découvrir ! 

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22 mars 2022, thème : la famille

Le pays des autres, Leïla Slimani

Une saga familiale par l'auteur du célèbre roman Chanson douce. En 1944, Mathilde, une jeune Alsacienne, s'éprend d'Amine Belhaj, un Marocain combattant dans l'armée française. Après la Libération, le couple s'installe au Maroc à Meknès, ville de garnison et de colons. Tandis qu'Amine tente de mettre en valeur un domaine constitué de terres rocailleuses et ingrates, Mathilde se sent vite étouffée par le climat rigoriste du Maroc. Seule et isolée à la ferme avec ses deux enfants, elle souffre de la méfiance qu'elle inspire en tant qu'étrangère et du manque d'argent.
Le travail acharné du couple portera-t-il ses fruits ? Les dix années que couvre le roman sont aussi celles d'une montée inéluctable des tensions et des violences qui aboutiront en 1956 à l'indépendance de l'ancien protectorat. Tous les personnages de ce roman vivent dans "le pays des autres" : les colons comme les indigènes, les soldats comme les paysans ou les exilés. Les femmes, surtout, vivent dans le pays des hommes et doivent sans cesse lutter pour leur émancipation.

L'Echappée belle, Anna Gavalda

Simon, Garance et Lola, trois frère et soeurs devenus grands, s'enfuient d'un mariage de famille qui s'annonce particulièrement éprouvant pour aller rejoindre Vincent, le petit dernier, devenu guide saisonnier d'un château perdu au fin fond de la campagne tourangelle. Oubliant pour quelques heures marmaille, conjoint, divorce, soucis et mondanités, ils vont s'offrir une dernière vraie belle journée d'enfance volée à leur vie d'adultes.
Léger, tendre, drôle, le cinquième livre d'Anna Gavalda est un hommage aux fratries heureuses, aux belles-soeurs pénibles, à Dario Moreno, aux petits vins de Loire et à la boulangerie Pidoune. Notre lectrice a passé un moment de lecture très agréable avec ce roman plein d'humour.

Le soleil des Scorta, Laurent Gaudé

Parce qu'un viol a fondé leur lignée, les Scorta sont nés dans l'opprobre. A Montepuccio, leur petit village d'Italie du sud, ils vivent pauvrement, et ne mourront pas riches. Mais ils ont fait voeu de se transmettre, de génération en génération, le peu que la vie leur laisserait en héritage. Roman solaire, profondément humaniste, le livre de Laurent Gaudé met en scène, de 1870 à nos jours, l'existence de cette famille des Pouilles à laquelle chaque génération, chaque individualité, tente d'apporter, au gré de son propre destin, la fierté d'être un Scorta, et la révélation du bonheur. Un roman agréable, qui se lit bien.

Enfant de salaud, Sorj Chalandon

La France juge Klaus Barbie et lui juge son père. Sorj Chalandon nous livre ici le procès intérieur et personnel qu'il fait à son père, dont le rôle dans la seconde guerre mondiale n'a rien d'héroïque... au contraire.
Son grand-père lui révèle un jour que son père n'est pas le héros qu'il prétend être. Sorj s'imagine alors enquêter, poser des questions, recouper les événements sur le modèle d'une instruction judiciaire, pour faire ressurgir une vérité que son père s'est donné tant de mal à cacher.

Un paquebot dans les arbres, Valentine Goby

Au milieu des années 1950, Mathilde sort à peine de l'enfance quand la tuberculose envoie son père et, plus tard, sa mère au sanatorium d'Aincourt. Cafetiers de La Roche-Guyon, ils ont été le coeur battant de ce village des boudes de la Seine, à une cinquantaine de kilomètres de Paris. Doué pour le bonheur mais totalement imprévoyant, ce couple aimant est ruiné par les soins ; Mathilde va devoir faire face à la maladie de ses parents et se battre pour que leur famille reste soudée malgré la maladie et la détresse.

Le déjeuner de la nostalgie, Anne Tyler

Une mère et ses trois enfants, si différents : Cody, Ezra et Jenny, la petite dernière. Une mère qui ne vit que par et pour ses enfants... de manière toxique. Un père, souvent absent, puis qui s'en va définitivement. Et cette fratrie qui grandira dans une atmosphère difficile et fera son chemin, chacun à sa manière. Anne Tyler décrit une famille américaine, des années 60 aux années 80, et toute la difficulté et l'ambivalence des sentiments et des choix de vie de chacun.

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Séance du 21 janvier 2022 : la gastronomie en littérature

Brunetti passe à ta0ble, Donna Leon, Calmann – Lévy

Découvrez l’authentique cuisine familiale italienne avec le commissaire Brunetti, héros des romans policiers de Donna Leon, et aussi fin limier que bonne fourchette. Près de 100 recettes nous offrent un voyage singulier au cœur de la Sérénissme, parmi les parfums et les saveurs de la gastronomie vénitienne : Fagottini aux crevettes ; Crostini aux aubergines ; Spaghetti all’amatriciana ; Lasagne aux cœurs d’artichaut et prosciutto ; Côtelettes d’agneau al pomodoro et tant d’autres… Une lecture qui a régalé la lectrice !

La Cucina, Lily Prior, Livre de Poche

Sexe et gastronomie, passion et désillusion, le tout saupoudré de mafia sicilienne : tels sont les ingrédients du premier roman sensuel et envoûtant de Lily Prior. Chant d'amour pour l'Italie, ce roman est une célébration de la vie. Il se lit facilement et la lectrice l’a beaucoup apprécié.

Le goût de nos mères, 70 déclarations d’amour à la cuisine maternelle, Eva Bettan, Stock

Comme pour retenir le temps qui passe, Eva Bettan a voulu garder le "goût de sa mère". Recueillir ses recettes est très vite devenu un beau prétexte pour la faire parler de sa vie. Puis elle est allée vers ceux, connus et inconnus, dont elle savait ou devinait qu'ils étaient ce qu'elle appelle des "filles et fils de leurs mères". Elle se doutait que le sujet serait riche en émotions, mais elle ne s'attendait pas à la variété et la générosité de leurs réponses. Un livre rempli de recettes et d’anecdotes, très agréable à lire, qui met littéralement l’eau à la bouche ! 

Le restaurant de l’amour retrouvé, Ito Ogawa, Philippe Picquier

Ce roman a été présenté par 2 participants, une pure coïncidence. Les 2 ont eu un véritable coup de cœur pour ce récit, qui présente une jeune femme de vingt-cinq ans perd la voix à la suite d'un chagrin d'amour, revient malgré elle chez sa mère, figure fantasque vivant avec un cochon apprivoisé, et découvre ses dons insoupçonnés dans l'art de rendre les gens heureux en cuisinant pour eux des plats médités et préparés comme une prière. Rinco cueille des grenades juchée sur un arbre, visite un champ de navets enfouis sous la neige, et invente pour ses convives des plats uniques qui se préparent et se dégustent dans la lenteur en réveillant leurs émotions enfouies.
Un livre lumineux sur le partage et le don, à savourer… Un style plein de poésie, un coup de cœur.

Dim Sum, raviolis et bouchées vapeur, Mikaël Petrossian, Marabout

Le Dim Sum désigne un ensemble de mets faits de petites portions consommées dans la cuisine cantonaise ; une bouchée fourrée d'une garniture et cuite à la vapeur. Des recettes salées et sucrées par le chef du Yoom, LE restaurant parisien qui sert LE vrai dim sum et nous livre la recette facile, à faire à la maison. Les fondateurs ont travaillé avec des chefs chinois jusqu'à parfaire leur recette. Léger et très parfumé, à picorer avec convivialité, lancez-vous dans le Dim Sum.

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Séance du 28 septembre 2021 - THEME : la musique en romans

L’accompagnatrice, Nina Berberova, éditions Actes Sud

En quelques scènes où l'économie des moyens renforce l'efficacité du trait, Nina Berberova raconte ici les relations d'une soprano issue de la haute société pétersbourgeoise, avec Sonetchka, son accompagnatrice, bâtarde et pauvre ; elle décrit leur exil dans les années qui suivent la révolution d'Octobre, et leur installation à Paris où leur liaison se termine dans le silencieux paroxysme de l'amour et de la haine. Un roman plaisant à lire, où l’amour de la musique est très présent.

La musique d’une vie, Andreï Makine, éditions du Seuil

Un roman dont le récit n’est pas toujours simple à suivre mais une écriture très belle qui a conquis la lectrice. Le premier concert du jeune pianiste Alexeï Berg est annoncé pour le 24 mai 1941. Fin du long purgatoire que sa famille a vécu durant les années de terreur. Promesse d'oubli, de célébrité future, de nouvelles rencontres parmi la jeunesse dorée de la capitale... Or ce concert n'aura pas lieu. La vie d'Alexeï se jouera sur une partition différente, marquée par l'amour sans nom, par la familiarité avec la mort, par la découverte de la dignité des vaincus. Car ce " roman-destin " est d'abord un éloge de l'indomptable force de l'esprit, de la résistance intérieure. Et c'est aussi une histoire pleine d'un charme profond, qu'on lira et qu'on relira, un vrai joyau.

Confiteor, Jaume Cabré, éditions Actes Sud

Barcelone années cinquante, le jeune Adrià grandit dans un vaste appartement ombreux, entre un père qui veut faire de lui un humaniste polyglotte et une mère qui le destine à une carrière de violoniste virtuose. Brillant, solitaire et docile, le garçon essaie de satisfaire au mieux les ambitions démesurées dont il est dépositaire, jusqu'au jour où il entrevoit la provenance douteuse de la fortune familiale, issue d'un magasin d'antiquités extorquées sans vergogne.  Un demi-siècle plus tard, juste avant que sa mémoire ne l'abandonne, Adrià tente de mettre en forme l'histoire familiale dont un violon d'exception, une médaille et un linge de table souillé constituent les tragiques emblèmes. Ce roman défie les lois de la narration pour ordonner un chaos magistral, avec un violon comme fil rouge. C’est un récit qui a totalement fasciné la lectrice, un véritable coup de cœur.

 

 

Leçons particulières, Hélène Grimaud, éditions Robert Laffont

" Je me suis réveillée affamée. Pour n'avoir plus mangé depuis des lustres, j'avais faim de terre, de continents, d'orages, de tumultes. Un appétit dévorant de parfums me tenaillait le ventre - sel sur la peau, résine des grands sapins noirs, herbe en tendresse fauchée au printemps. J’avais envie de retourner au monde qui roule et qui mugit. " Comment surmonter ses doutes ? Comment élever son âme ? Comment définir la passion ; voire l'amour ? Telles sont les questions que se pose Hélène Grimaud, au cours d'un triple voyage : voyage en Italie dont elle nous fait partager les beautés ; voyage initiatique jalonné de rencontres avec de curieux personnages qui la renseignent sur le sens de la vie ; voyage intérieur enfin, où, au terme de sa quête, elle montre comment retrouver le chemin du bonheur.
Ou comment unir, dans la même ferveur, la musique, le monde sauvage et une passion absolue pour l'existence. La lectrice s’est régalée car, au–delà de la musique, ce livre aborde tant d’autres sujets et invite à prendre un peu de distance avec un quotidien qui va trop vite.

La double vie d’Anna Song, Minh Tran Huy, éditions Actes Sud

Anna Song, `la plus grande pianiste vivante dont personne n'a jamais entendu parler", laisse derrière elle une œuvre discographique sans précédent. Malgré la maladie, et clans un engagement du corps et de l'âme proche de la ferveur, elle a voué ses dernières années à arpenter, avec une indéfectible justesse, un territoire musical des plus vastes. Gardien du temple et architecte de la légende : Paul Desroches, son mari et producteur. Mais tandis que celui-ci raconte la femme aimée, le scandale éclate. Anna Song n'aurait pas enregistré une seule note de sa discographie, pillée ailleurs par l'amoureux démiurge. Imposture, falsification, trahison : au concert de louanges nécrologiques succède le tapage de l'opprobre, relayé par des médias d'autant plus féroces que bernés. C'est un fascinant jeu de miroirs qu'orchestre ici l’auteur. Le lecteur a beaucoup aimé et a trouvé ce roman très bien écrit.

Tous les matins du monde, Pascal Quignard, éditions Gallimard

Si vous aimez la musique baroque, ce roman est pour vous ! Dans cette biographie imaginaire d'un musicien historique réel du XVIIe siècle, Jean de Sainte-Colombe — et de son élève Marin Marais qui sera plus connu que lui — la peinture occupe une place capitale, ainsi que la musique de la basse de viole, très prisée pendant le « Grand Siècle ». Un roman dense mais passionnant sur l’amour -et l’amour de la musique.

SEANCE DU 29 JUIN 2021 : Marguerite Yourcenar et Georges Perec

 

Marguerite Yourcenar L'Oeuvre au noir (paru en 1968) : compliqué et dense dans le style, ce roman se revèle malgré tout un coup de coeur pour plusieurs lecteurs du club. En créant le personnage de Zénon, alchimiste et médecin du XVIe siècle, l'auteure ne raconte pas seulement le destin tragique d’un homme extraordinaire. C’est toute une époque qui revit dans son infinie richesse, comme aussi dans son âcre et brutale réalité ; un monde contraste où s’affrontent le Moyen Age et la Renaissance, et où pointent déjà les temps modernes, monde dont Zénon est issu, mais dont peu à peu cet homme libre se dégage, et qui pour cette raison finira par le broyer. Le titre s'explique ainsi : l'oeuvre au noir est la première étape du processus alchimique censé aboutir au "Grand Oeuvre", c'est-à-dire à la pierre philosophale apportant immortalité et permettant de transformer les métaux en or.

 

Nouvelles orientales (paru en 1938) : 

De la Chine à la Grèce, des Balkans au Japon, ces contes accompagnent le voyageur comme autant de clés pour une seule musique, venue d'ailleurs. Ici, l'auteure s'est inspirée de fables, de contes ou de faits divers orientaux pour les retranscrire avec son propre style. L'écriture est précise, sobre et poétique. Le lecteur a passé un moment de lecture très agréable.

 

 

Georges Perec :

Un homme qui dort (paru en 1967) :

Un étudiant, qui vit dans une petite chambre à Paris, refuse un matin de se lever et de se présenter à un examen. Tout le livre découle de ce premier acte. Nous assistons lentement à la mise entre parenthèse de sa vie, la vacuité des instants, un repli sur lui-même et le refus de fréquenter les autres, la description de comportements répétitifs. Grâce à des séries d'accumulations, Perec nous fait toucher du doigt le mal être qui s'apparente probablement à la dépression. Grâce au rythme et à la répétition, l'auteur développe sa pensée. Le style peut cependant dérouter les lecteurs...

 

La disparition (paru en 1969) :

Ceroman de Perec a la particularité qu'il ne comporte pas une seule fois la lettre E, pourtant la plus utilisée d'une manière générale dans la langue française. Partant de sa contrainte lipogrammatique, le roman décrit la disparition successive d'Anton Voyl et de ses amis, dans un récit parodiant roman noir, thriller et fantastique. Ce roman était fascinant pour la lectrice qui l'a présenté. Un roman original et plein d'humour, pourquoi ne pas essayer ? 

 

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Les lectures d'enfance : Février 2020

Fifi Brindacier, Astrid Lindgren, hachette

Avec ses yeux vifs et ses tresses, on pourrait croire que Fifi Brindacier est une petite fille comme les autres. Et pourtant... D'abord, Fifi vit toute seule dans une grande maison avec un poney et un singe. Ensuite, pour une petite fille, elle est douée d'une force...incroyable! Avec cela, un cœur d'or et une fantaisie sans limite. Pour ses camarades, elle est toujours prête à se dévouer ou à inventer des jeux extraordinaires. Plein d’humour et vivifiant, c’est un vrai coup de cœur d’enfance !

Le Vieil homme et la mer, Ernest Hemingway, Gallimard

A Cuba, voilà quatre-vingt-quatre jours que le vieux Santiago rentre bredouille de la pêche, ses filets désespérément vides. La chance l'a déserté depuis longtemps. A l'aube du quatre-vingt-cinquième jour, son jeune ami Manolin lui fournit deux belles sardines fraîches pour appâter le poisson, et lui souhaite bonne chance en le regardant s'éloigner à bord de son petit bateau. Aujourd'hui, Santiago sent que la fortune lui revient. Et en effet, un poisson vient mordre à l'hameçon. C'est un marlin magnifique et gigantesque. Débute alors le plus âpre des duels. Combat de l'homme et de la nature, roman du courage et de l'espoir, ce roman sublime a laissé une grande impression à notre lectrice.

L’île au trésor, Robert Louis Stevenson, Flammarion

Jim Hawkins, jeune garçon courageux, s'embarque sur un navire à la recherche d'un trésor enfoui sur une île déserte. Ses compagnons de bord sont d'inquiétants pirates, dont un certain Long John Silver doté d'une jambe de bois. Une aventure incroyable qui va le conduire sur une île brûlée par le soleil, théâtre d'affrontements sans merci... C’est le roman d’aventures par excellence, qui a passionné notre lectrice lorsqu’elle était petite !

Thérèse Desqueyroux, François Mauriac, LGF

Pour éviter le scandale et protéger les intérêts de leur fille, Bernard Desqueyroux, que sa femme Thérèse a tenté d'empoisonner, dépose de telle sorte qu'elle bénéficie d'un non-lieu. Enfermée dans sa chambre, Thérèse tombe dans une prostration si complète que son mari, effrayé, ne sait plus quelle décision prendre. Doit-il lui rendre sa liberté ? L’auteur donne une analyse très fine des êtres sen souffrance ; de plus, les descriptions des paysages sont superbes. C’est un roman qui n’a pas vieilli, d’après la lectrice.

Le Comte de Monte-Cristo, Alexandre Dumas, Pocket

1815. Louis XVIII rétabli sur le trône se heurte à une opposition dont l'Empereur, relégué à l'île d'Elbe, songe déjà à profiter. Dans Marseille livrée à la discorde civile, le moment est propice aux règlements de comptes politiques ou privés. C'est ainsi que le marin Edmond Dantès, à la veille de son mariage, se retrouve, sans savoir pourquoi, arrêté et conduit au château d'If... Conteur éblouissant, aussi à l'aise dans l'action que dans le dialogue, Dumas nous entraîne sans nous laisser reprendre souffle du cabinet de Louis XVIII à la Méditerranée des contrebandiers, des îles toscanes aux catacombes de Rome, puis aux salons parisiens où le mystérieux comte de Monte-Cristo se dispose à accomplir sa vengeance... Un roman relu avec grand plaisir.

Le Père Goriot, Honoré de balzac, Gallimard

Rastignac est un jeune provincial qui cherche à s'insérer dans la société parisienne. Il lui manque les manières et l'argent. Pour parvenir, il côtoie les femmes du monde, mais reste attaché à son voisin de la pension Vauquer, le père Goriot, vieillard malheureux abandonné de ses filles. Vautrin, forçat évadé, Marsay, politicien ambitieux, et Rubempré, écrivain talentueux, sont animés du même désir de pouvoir. Ils apprennent, chacun à leur manière, les complicités et les alliances indispensables dans une société gouvernée par les intérêts. Une des premières découvertes du roman français pour notre lecteur d’origine britannique, à 15 ans !

L’amour fou, André Breton, Gallimard

" Je vous souhaite d'être follement aimée. " Un des textes fondamentaux du surréalisme. Le hasard et le désir, la vie et le rêve, le monde et l'homme entretiennent ici une mystérieuse correspondance de tous les instants. L’auteur narre la façon dont il a rencontré sa future femme et qui lui a donné ensuite une petite fille du nom d'Aube. Un roman qui a ouvert une multitude de « portes » au lecteur.

 

La Farce de Maître Pathelin, anonyme et David Prudhomme, Actes Sud

Maître Pathelin, à court d'argent, use de ruse et d'hypocrisie pour tromper un marchand drapier pourtant méfiant. Il s'ensuit un mémorable procès ! David Prudhomme signe une adaptation pleine de verve et de saveur de la célèbre farce écrite vers 1470 (sans mention d'auteur), qui reste l'un des joyaux du répertoire théâtral français - d'où provient la fameuse réplique "Revenons à nos moutons".

 

 

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Vendredi 20 décembre 2019 : le chat dans tous ses états !

 

Mon chat Yugoslavia, Pajtim Statovci, éd. Denoël

Mon chat Yugoslavia est un roman saisissant, loufoque et inoubliable, écrit par un petit génie de la littérature finlandaise âgé de vingt-quatre ans, qui nous emporte des contrées kosovares aux rues d'Helsinki avec une voix à nulle autre pareille. Bekim est étudiant à Helsinki. Il a pour colocataire un boa constricteur, fait des efforts pour s'intégrer à la société dans laquelle il a grandi, tout en essayant d'assumer son homosexualité. Un jour, il rencontre un «chat» dans un bar gay qui va dominer ses nuits et son esprit. Mais c'est dans la Yougoslavie des années 1980 que le cruel destin de sa famille a commencé : Emine s'est mariée à un garçon qu'elle connaissait à peine. Lorsque la guerre éclate, la famille d'Emine décide de fuir et choisit la Finlande.

Le chat du Dalaï-lama et le pouvoir du miaou, David Michie, Leduc.s éd.

C'est décidé, le chat de Sa Sainteté le dalaï-lama veut devenir un méditant accompli et accéder enfin au pouvoir du miaou ! Il empruntera ainsi le chemin qui lui permettra de découvrir sa vraie nature et d'accéder à un profond bien-être. Il continue donc sa mission : penser moins pour arriver à vivre vraiment le moment présent. Au cours de ce voyage vers lui-même, il va devoir affronter des obstacles qui le guideront vers la paix intérieure. En accompagnant le chat dans ses aventures et ses péripéties, vous apprendrez vous aussi à ralentir et à profiter du moment présent, en harmonie avec votre vraie nature.

Demain les chats, Bernard Werber, éd.Albin Michel

Ce roman qui se lit très bien mélange le réel et le surnaturel. A Montmartre vivent deux chats extraordinaires. Bastet, la narratrice qui souhaite mieux communiquer et comprendre les humains. Pythagore, chat de laboratoire qui a au sommet de son crâne une prise USB qui lui permet de se brancher sur Internet. Les deux chats vont se rencontrer, se comprendre s’aimer alors qu’autour d’eux le monde des humains ne cesse de se compliquer. A la violence des hommes Bastet veut opposer la spiritualité des chats. Mais pour Pythagore il est peut être déjà trop tard et les chats doivent se préparer à prendre la relève de la civilisation humaine.

Le chat du rabbin,  Joann Sfar, éd. Dargaud

Le chat du rabbin essaie de répondre à une question fondamentale : peut-on apprendre la Torah à un chat ? Le résultat est une fable qui réjouira les amateurs d'Orient, de jolies femmes et de métaphysique ! Une bande dessinée construite comme une fable philosophique.

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Vendredi 25 octobre : deux auteurs français : Françoise SAGAN et Sorj CHALANDON

Sorj Chalandon :

Profession du père, Grasset, 2015 

"Tu connais ton père", disait la mère d'Emile. Un jour, il était parachutiste. Le lendemain, habillé en pasteur, il obligeait son fils à s'agenouiller pour être exorcisé. Et le soir, il lui avouait à voix basse être un agent secret américain. En pleine nuit, le père d'Emile s'est réveillé rebelle. Soldat clandestin chargé d'une mission supérieure : assassiner De Gaulle. Mais pour tuer le général, il fallait être deux.  C'est comme ça qu'Emile a été enrôlé par son père dans l'organisation secrète. Alors, il était heureux, Emile. De plaire à son père, de ne plus être battu. Mais aussi, il avait terriblement peur. Parce qu'à 13 ans, c'est lourd un pistolet…   Malgré le côté sadique et violent de son père, le narrateur (le fils) parvient toujours à lui pardonner. 

Le jour d’avant, Grasset, 2017

Après quatre jours d’arrêt de la mine, à la reprise de l’activité, le 27 décembre 1974, à 6h30 du matin, un bruit sourd retentit au fond d’une galerie de la fosse 3 dite Saint-Amé du siège 19 à Liévin dans le Pas-de-Calais. C’est un quartier de Six sillons qui a été touché, situé à 50 mètres en aval du niveau -70, dans le secteur de la taille 31. Le carreau de la mine se trouve bientôt envahi par les proches en quête d’informations. Le bilan est très lourd : 42 morts. L’auteur s’empare de ce fait divers pour construire une fiction. Ce livre est vraisemblablement un hommage aux mineurs décédés lors de cet accident.

Une joie féroce, Grasset, 2019

Jeanne est une femme formidable. Tout le monde l'aime, Jeanne. Libraire, on l'apprécie parce qu'elle écoute et parle peu. Elle a peur de déranger la vie. Pudique, transparente, elle fait du bien aux autres sans rien exiger d'eux. A l'image de Matt, son mari, dont elle connaît chaque regard sans qu'il ne se soit jamais préoccupé du sien. Jeanne bien élevée, polie par l'épreuve, qui demande pardon à tous et salue jusqu'aux réverbères. Jeanne, qui a passé ses jours à s'excuser est brusquement frappée par le mal. " Il y a quelque chose », lui a dit le médecin en découvrant ses examens médicaux. Quelque chose. Pauvre mot. Stupéfaction. Et autour d'elle, tout se fane. Son mari, les autres, sa vie d'avant. En guerre contre ce qui la ronge, elle va prendre les armes. Jamais elle ne s'en serait crue capable. Elle était résignée, la voilà résistante. C'est un roman de femmes, une histoire de maladie, de combat, d'amour, de loyauté, de soutien ! Passionnant !

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Françoise Sagan :

Bonjour tristesse, Julliard, première publication 1954

Cécile, lycéenne parisienne qui vient de rater son baccalauréat, passe l’été de ses dix-sept ans dans une belle villa de la Côte d’Azur avec son père Raymond et la maîtresse de ce dernier, Elsa. Cécile et son père, qui ont une relation fusionnelle, veulent faire du plaisir un programme et du bon temps un mot d'ordre en profitant du soleil, des joies de la baignade et de la lecture et des sorties. Pour nos lecteurs, cette œuvre ayant été contemporaine à leur jeunesse, la relire maintenant leur a paru « bizarre », ils n’en avaient plus le même souvenir et ne la perçoivent plus comme avant. Elle est maintenant presque « dépassée ». C’est un roman qui à son époque fit scandale et l’on y voit aussi la grande maturité dont faisait preuve Sagan alors qu’elle n’était âgée que de 18 ans. Une auteure en avance sur son âge et sur son temps.

 

Les faux-fuyants, Julliard, 1991

Des amis parisiens sur une route de campagne, une voiture qui flanche pour cause de tirs de la part des Allemands (cela ce passe pendant la deuxième Guerre Mondiale). Un paysan bien de chez nous passe par là et ramène les parigots à la ferme. Imaginez le choc culturel entre des snobs fréquentant le beau monde de Paris et des paysans sortis  d'un autre siècle ! Nos lecteurs ont trouvé ce roman fort divertissant et drôle, c’était comme une cure d’optimisme doublée d’une écriture remarquable. Un coup de cœur ; une  comédie, irrésistible de verve brillante et de gaieté.

 

 Mercredi 26 juin : les auteur.e.s anglais.e.s

 

La Libraire, Penelope Fitzgerald, édition La Table ronde

Rien ne semble troubler la paix de Hardborough, aimable petite ville de l'East Anglia. Mais Florence Green, une jeune veuve, se met bientôt les notables à dos en décidant d'y ouvrir une librairie. Florence voulait créer innocemment un lieu de sociabilité inédit ; elle découvre l'enfer feutré des médisances. Puis l'ostracisme féroce d'une partie de la population. Surtout lorsqu'elle s'avise de mettre en vente Lolita, le sulfureux roman de Nabokov. Alors, la guerre est déclarée, les clans s'affrontent, les personnages révèlent leur acrimonie. Florence sera très seule pour faire face au conformisme ambiant. Le roman a été adapté au cinéma en 2017.

Testament à l’anglaise, Jonathan Coe, édition Gallimard

Michael Owen, un jeune homme dépressif et agoraphobe, a été chargé par la vieille Tabitha Winshaw d'écrire la chronique de cette illustre famille. Cette dynastie se taille en effet la part du lion dans tous les domaines de la vie publique de l'Angleterre des années quatre-vingt, profitant sans vergogne de ses attributions et de ses relations... Et si la tante Tabitha disait vrai ? Si les tragédies familiales jamais élucidées étaient en fait des crimes maquillés ? Par une nuit d'orage, alors que tous sont réunis au vieux manoir de Winshaw Towers, la vérité éclatera... Un véritable tour de force littéraire, à la fois roman policier et cinglante satire politique de l'establishment. Absolument passionnant !

L’amant de Lady Chatterley, D. H. Lawrence, édition Le livre de poche

La forêt du roman, où vit Mellors, le garde-chasse, représente le dernier espace de sauvagerie et de liberté ; lady Chatterley l'y retrouve et s'y retrouve, tout en voyant basculer son univers habituel. Ce roman poétique doit être lu comme un mélange de voyage initiatique, de descente aux enfers, comme une grande lamentation sur l'état de l'Angleterre, aux échos bibliques. L'intrigue amoureuse séduit à une première lecture ; mais le roman a une valeur historique et symbolique. Le lecteur a été vraiment « pris » dans cette lecture.

Miniaturiste, Jessie Burton, édition Gallimard

Nella Oortman n'a que dix-huit ans lorsqu’elle elle quitte son petit village pour rejoindre à Amsterdam son mari, Johannes Brandt. Homme d'âge mûr, il est l'un des marchands les plus en vue de la ville. Il vit dans une opulente demeure au bord du canal, entouré de ses serviteurs et de sa sœur, Marin, une femme restée célibataire qui accueille Nella avec une extrême froideur. Johannes offre à son épouse une maison de poupée, représentant leur propre intérieur, que la jeune fille entreprend d'animer grâce aux talents d'un miniaturiste. Les fascinantes créations de l'artisan permettent à Nella de lever peu à peu le voile sur les mystères de la maison des Brandt, faisant tomber les masques de ceux qui l'habitent et mettant au jour de dangereux secrets. S'inspirant d'une maison de poupée d'époque exposée au Rijksmuseum d'Amsterdam, Jessie Burton livre ici un premier roman qui restitue avec précision l'ambiance de la ville à la fin du XVIIe siècle. Une lecture très intéressante.

Mrs Dalloway, Virginia Woolf, édition Archipoche

Le roman, publié en 1925, raconte la journée d'une femme élégante de Londres, en mêlant impressions présentes et souvenirs, personnages surgis du passé, comme un ancien amour, ou membres de sa famille et de son entourage. Ce grand monologue intérieur exprime la difficulté de relier soi et les autres, le présent et le passé, le langage et le silence, le mouvement et l'immobilité. La qualité la plus importante du livre est d'être un roman poétique.

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Vendredi 15 février : les "histoires de chambre" (romans contenant le mot chambre)

La Chambre à dormir dehors de Colette

La chambre à dormir dehors, c'est ainsi que Colette nomme une partie du jardin provençal dont elle nous parle avec tendresse au début de cet ouvrage. Un ouvrage qu'on peut lire de manière "printanière".

 

A louer chambre vide pour personne seule d'Yvon Le Men

Les poèmes qui composent ce très beau recueil d’Yvon Le Men ont été écrits lors d’un séjour dans la Maison Radieuse du Corbusier. De cette expérience, le poète tire un ensemble qu’il faut absolument lire.

 

La Chambre de la Stella de Jean-Baptiste Harang

Concis et puissant à la fois, ce romans donne à lire de superbes descriptions. Dans la maison de ses grands-parents paternels, à Dun-le-Palestel, dans la Creuse, tombant par hasard sur le livret militaire de son grand-père, Jean-Baptiste Harang apprend la véritable identité de son père, alors décédé. Cette découverte tardive, qui met en cause son propre nom et lui laisse entrevoir une généalogie inconnue, bouleverse aussi le regard de l'auteur sur l'homme, qui, jusque dans la mort, choisit de dissimuler à ses enfants le mystère de sa naissance.

La Chambre des morts de Franck Thilliez

On se prend rapidement dans les filets de l'intrigue de ce polar bien noir. Imaginez… Vous roulez en pleine nuit avec votre meilleur ami, tous feux éteints. Devant vous, un champ d’éoliennes désert. Soudain le choc, d’une violence inouïe. Un corps gît près de votre véhicule. À ses côtés, un sac de sport. Dedans, deux millions d’euros. Que feriez-vous ? Vigo et Sylvain, eux, ont choisi.

 

Une chambre à soi de Virginia Woolf

Cet ouvrage rassemble une série de conférences sur le thème de la fiction et des femmes que Virginia Woolf prononça en 1928 à l'université de Cambridge. Ce vaste sujet a donné naissance à une toute autre question, celle du lieu et de l'argent, qui donne son titre à l'essai : "Une femme doit avoir de l'argent et un lieu à elle si elle veut écrire de la fiction." Cet essai propose une remise en perspective essentielle de la question de l'écriture et des femmes au sein de la littérature contemporaine.

 

 

Vendredi 14 décembre 2018 : la littérature des Antilles

Moi, Tituba sorcière... de Maryse Condé (Guadeloupe)

Fille de l'esclave Abena violée par un marin anglais à bord d'un vaisseau négrier, Tituba, née à la Barbade, est initiée aux pouvoirs surnaturels par Man Yaya, guérisseuse et faiseuse de sorts. Son mariage avec John Indien l'entraîne à Boston, puis au village de Salem au service du pasteur Parris. C'est dans l'atmosphère hystérique de cette petite communauté puritaine qu'a lieu le célèbre procès des sorcières de Salim en 1692. Tituba est arrêtée, oubliée dans sa prison jusqu'à l'amnistie générale qui survient deux ans plus tard.

Nuée ardente de Raphaël Confiant (Martinique)

Le 8 mai 1902, une gigantesque éruption volcanique détruisait Saint-Pierre, capitale de la Martinique. 30 000 personnes perdirent instantanément la vie, sauf un condamné à mort, Syparis, emprisonné dans un cul-de-basse-fosse. Tout un monde créole riche et coloré, fait d'affrontements sévères entre Grands Blancs, mulâtres et Noirs, d'amours violentes et d'amitiés tourmentées, de dur labeur et de festivités carnavalesques, disparaissait à jamais. Raphaël Confiant tente de le ressusciter au travers d'une fresque brûlante où l'on croisera des personnages aussi hauts en couleur que le négociant Dupin de Maucourt, le professeur de philosophie mulâtre Pierre-Marie Danglemont et sa bande de noceurs, Syparis, maître ès larcins, et l'énigmatique Lafrique-Guinée.

La Belle amour humaine de Lyonel Trouillot (Haïti)

A bord de la voiture de Thomas, son guide, une Occidentale nommée Anaïse se dirige vers un village côtier d'Haïti où elle espère retrouver les traces d'un père qu'elle a à peine connu et éclaircir l'énigme de son roman familial. Mais Thomas la prévient : l'issue de son enquête est hasardeuse tant ce village de pêcheurs est un véritable territoire de l'altérité, où les lois sont amicales et flexibles et les morts joyeux. Là-bas, l'humaine condition sait se réinventer sans cesse face aux appétits féroces de ceux qui, à la manière du grand-père d'Anaïse et de son complice en exactions, le "colonel", tous deux jadis mystérieusement disparus dans un incendie, cherchent à s'octroyer un monde qui appartient à tous. Dans ce roman qui prône un exercice inédit de la justice et une fraternité sensible entre les hommes, Lyonel Trouillot interroge le hasard des destinées qui vous font naître blanc ou noir, puissant ou misérable, ici ou ailleurs, au Nord ou au Sud. Un véritable coup de cœur pour la lectrice !

La Jarre d’or de Raphaël Confiant (Martinique)

Aux Antilles, au temps de l'esclavage, les riches planteurs békés craignant des révoltes enterraient leur fortune dans des jarres en un lieu tenu secret. Dans les années cinquante, le bruit courut qu'une de ces jarres contenait aussi des livres aux pouvoirs mystérieux. Ces livres semblent à portée de main d'Augustin Valbon. A moins qu'il ne s'agisse d'un mirage, ou d'une diablerie... Si elle est bien réelle, cette découverte pourrait changer le destin du jeune homme ! Car pour l'instant en rupture de ban avec sa famille bourgeoise, Augustin vivote dans le quartier mal famé des Terres-Sainville... Un roman très agréable, très vivant et drôle.

Lucy de Jamaica Kincaid (Antigue-et-Barbude)

Echappée à sa famille, à son île et à son passé, Lucy, une jeune Antillaise de dix-neuf ans, devient fille au pair dans un foyer bourgeois de New York. Avec une froideur quasi clinique, elle observe et dissèque son nouvel entourage tout en se confrontant à ses propres fantômes : un père qui ne l'a pas aimée et une mère pour laquelle elle éprouve autant de haine que d'amour. Et si elle s'accoutume peu à peu à ce climat jusqu'alors inconnu, son sentiment d'extranéité demeure. Absente au monde, tout entière obsédée par son trouble intérieur, hantée par ses origines, son sexe et sa couleur, elle ne voit d'issue qu'en l'écriture : une tentative de se parler à soi-même, comme l'aveu d'une profonde solitude.

 

Vendredi 26 octobre 2018 : la littérature russe

La Steppe d'Anton Tchekhov : paru en 1888, ce roman fut son premier grand succès littéraire. Cette "Histoire d'un voyage" nous conte un parcours initiatique, celui d'un jeune garçon quittant sa famille, son royaume d'enfance pour faire ses études dans un chef-lieu éloigné. Chemin faisant, il découvre la nature, la vie ! De paysages grandioses en évocations lyriques, de scènes intimistes en épisodes truculents ou cocasses, autant de pages enchanteresses nous révèlent certains traits déconcertants, parfois très attachants de ce qu'il est convenu d'appeler "l'âme russe". Un coup de ceour littéraire.

Vie et destin de Vassili Grossman : dans ce roman-fresque, composé dans les années 1950, à la façon de Guerre et paix, Vassili Grossman fait revivre l'URSS en guerre à travers le destin d'une famille, dont les membres nous amènent tour à tour dans Stalingrad assiégée, dans les laboratoires de recherche scientifique, dans la vie ordinaire du peuple russe, et jusqu'à Treblinka sur les pas de l'Armée rouge. Attention, une lecture très dure et très noire, qui retrace des faits bien réels de l'Histoire.

Le Train zéro de Iouri Bouïda : une gare perdue au fin fond de la Russie, dans la boue, le froid, les relents de chou et de vodka. Et toutes les nuits, un train qui passe… Nul ne sait d’où il vient, où il va, ni ce qu’il transporte. Dans ce no man’s land isolé du reste du monde vivent des gens qui aiment, espèrent, tuent et meurent, empoisonnés par l’attente d’une réponse qui ne vient jamais, par un mystère qu’il leur est interdit de chercher à connaître sous peine de mort. On y trouve toute la déliquescence de l'Union soviétique. Angoisse, doute, on vogue aussi entre mystère, rêve et réalité abrupte et cruelle.

Enterrez-moi sous le carrelage de Pavel Sanaïev : interdiction de suer, de quitter son collant, d'avaler tout rond ! Bienvenue dans le monde de Sacha, neuf ans, élevé par sa grand-mère moscovite. Mélange explosif de folie douce et d'amour écrasant, cette redoutable vieille femme veille sur son petit-fils, tout en le couvrant d'injures et en le gavant de médicaments. Au tableau familial, un grand-père prié de ne pas contredire et une mère déclarée persona non grata ! Sacha n'a guère d'autre choix que d'attendre et obéir. Imaginant d'improbables vengeances, il guette l'instant où le rêve basculera dans la réalité. Un grand roman de l'absurde aux accents gogoliens.

Un si bel amour de Ludmila Oulitskaïa : encore une fois, il s'agit d'un coup de coeur pour la lectrice. C'est une analyse de l'amour sous toutes ses coutures dans sept nouvelles. Ludmila Oulitskaïa décrit le monde de l'enfance et de l'adolescence, ces moments de passage où la sensualité s'éveille et où le sentiment amoureux se construit, selon des lois mystérieuses qui échappent à la raison. La cruauté n'est pas absente de ces nouvelles, comme pour confirmer l'adage selon lequel les histoires d'amour finissent toujours mal, et Oulitskaïa excelle dans l'art de camper un monde en quelques lignes, tantôt ironiques tantôt nostalgiques.

Le Cauchemar d'Alexandre Marinina : belle hôtesse d'accueil de 26 ans, Vika a été tuée dans les bois de Saviolov. Elle buvait, couchait beaucoup, disparaissait des jours entiers et affirmait qu'on lui avait " volé " un cauchemar. D'après son amant, Boris Kartachov, un psychiatre allait l'interner. Mais comment le croire alors que le psychiatre déclare n'avoir jamais vu la jeune femme ? L'inspectrice Anastasia Kamenskaïa s'apprête à mener l'enquête. C'est une sorte de polar type "cold case", la lecture est fluide et entraînante.

 

Vendredi 30 mars 2018 : les histoires d'amour

Possession d'Antonia Susan Byatt : Ce roman a remporté le Man Booker Prize de 1990. Lorsque le professeur Roland Mitchell tente, en 1986, de reconstituer la relation entre les poètes victoriens Randolph Henry Ash et Christabel LaMotte, il met le doigt dans un engrenage de passions et d'intérêts qui s'avèrent dépasser très largement le cadre de ses recherches. Une étrange assemblée de chasseurs et de personnages en quête d'auteurs entreprend alors de faire la lumière sur ces amours clandestines... Entre rétention de documents et viol de sépulture, secrets bien gardés et enveloppes cachetées, contention d'esprit tout universitaire et conspiration de confédérés, le roman d'A. S. Byatt séduit avant tout par son aspect de très convaincant pastiche de la littérature du XIXe siècle. Il est quelquefois des lectures qui font palpiter : Possession appartient à cette catégorie.

La blessure et la soif de Laurence Plazenet : un roman historique avec une superbe écriture, qui oscille entre une histoire d'amour et un long poème mystique. La Fronde bouleverse la France. La dynastie des Ming, en Chine, meurt. Deux hommes, passionnément, aiment des femmes qu'ils tremblent de perdre. L'un est français, l'autre chinois. Dans le chaos, ils cherchent la vérité et la justice. Mais c’est l’amour fou, Dieu et le Vide qui auront raison des continents entre eux.

Le liseur du 6h27 de Jean-Paul Didierlaurent : employé discret, Guylain Vignolles travaille au pilon, au service d'une redoutable broyeuse de livres invendus, la Zerstor 500. Il mène une existence maussade mais chaque matin en allant travailler, il lit aux passagers du RER de 6h27 les feuillets sauvés la veille des dents de fer de la machine... Dans des décors familiers transformés par la magie des personnages hauts en couleurs, voici un magnifique conte moderne, drôle, poétique et généreux : un de ces livres qu'on rencontre rarement. Une superbe lecture, un très bon moment !

L’Orage de Régine Deforges : un jeune homme découvre, vingt ans après les faits, le journal dans lequel sa tante, racontait sa vie intime. L’histoire d'une jeune femme qui aimait son époux à la folie et qui, refusant d’admettre sa mort, se comporta alors comme s'il était toujours en vie, s'offrant à d'autres pour mieux se donner à lui. Ambiance violente et folie latente qui peuvent ne pas plaire à tout le monde.

Le Montespan de Jean Teulé : au temps du Roi-Soleil, avoir sa femme dans le lit du monarque était pour les nobles une source de privilèges inépuisable. Le jour où Louis XIV jeta son dévolu sur Mme de Montespan, chacun, à Versailles, félicita le mari de sa bonne fortune. C'était mal connaître Louis-Henri de Pardaillan, marquis de Montespan... Gascon fiévreux et passionnément amoureux de son épouse, Louis-Henri prit très mal la chose. Dès qu'il eut connaissance de son infortune, il orna son carrosse de cornes gigantesques et entreprit de mener une guerre impitoyable contre l'homme qui profanait une union si parfaite. Refusant les honneurs et les prébendes, indifférent aux menaces répétées, aux procès en tous genres, emprisonnements, ruine ou tentatives d'assassinat, il poursuivit de sa haine l'homme le plus puissant de la planète pour tenter de récupérer sa femme... Une histoire d’amour extraordinaire.

Le Liseur de Bernhard Schlink : une belle histoire, mais triste : à quinze ans, Michaël fait par hasard la connaissance, en rentrant du lycée, d'une femme de trente-cinq ans dont il devient l'amant. Pendant six mois, il la rejoint chez elle tous les jours, et l'un de leurs rites consiste à ce qu'il fasse la lecture à haute voix. Cette Hanna reste mystérieuse et imprévisible, elle disparaît du jour au lendemain. Sept ans plus tard; Michaël assiste, dans le cadre de ses études de droit, au procès de cinq criminelles et reconnaît Hanna parmi elles. Un roman qui nous touche en plein cœur.

Orgueils et préjugés de Jane Austen : c'est le plus connu des six romans achevés de Jane Austen. Son histoire, sa question, est en apparence celle d'un mariage: l'héroïne, la vive et ironique Elizabeth Bennett qui n'est pas riche, aimera-t-elle le héros, le riche et orgueilleux Darcy ? Si oui, en sera-t-elle aimée ? Si oui encore, l'épousera-t-elle ? Mais il apparaît clairement qu'il n'y a en fait qu'un héros qui est l'héroïne, et que c'est par elle, en elle et pour elle que tout se passe. La condition féminine est très bien analysée dans cette bourgeoisie anglaise du 19e siècle.

 

Vendredi 26 janvier 2018 : la littérature italienne

L'amie prodigieuse tomes 1, 2 et 3 d'Elena ferrante : à l'unanimité, ces romans ont été les coups de coeur de la sélection sur la littérature italienne. Dans un style romanesque, intéressant et très prenant, on y découvre la vie de deux enfants dans le Naples pauvre et populaire des années 1950. La jeune Lila abandonne l'école pour travailler dans l'échoppe de cordonnier de son père, tandis qu'Elena, soutenue par son institutrice, ira au collège puis au lycée. Leurs destins ne cesseront de se croiser et de s'éloigner au fil des pages.

Le Baron perché d'Italo Calvino : on se régale avec ce concentré d'humour et de traits d'esprit ! Monté à douze ans dans les arbres, Côme, baron du Rondeau, décide de ne plus jamais en descendre. Nous sommes en 1770. Des années plus tard, toujours perché, il séduira une marquise fantasque et recevra Napoléon en grande pompe.

Quand le requin dort de Milena Agus : dans une ambiance oppressante truffée de non-dits, on découvre un père entiché de voyages lointains, une mère perdue devant la vie, une tante plongée dans des amours sans lendemain, un frère sourd à tout sauf à son piano. Celle qui décrit l’étrange et attachante ambiance familiale, avec une impassible candeur, est une adolescente engluée dans une liaison inavouable…

Trois fois dès l'aube d'Alessandro Baricco : trois nouvelles plaisantes à lire, trois histoires nocturnes qui se concluent à l'aube et qui marquent, chacune à sa façon, un nouveau départ.

Soie d'Alessandro Baricco : c'est l'oeuvre la plus connue de l'auteur. Il a obtenu le prix Relais des Voyageurs en 1997. Vers 1860, pour sauver les élevages de vers à soie contaminés par une épidémie, Hervé Joncour part au Japon. Entre les monts du Vivarais et le Japon, c'est le choc de deux mondes, une histoire d'amour et de guerre, une alchimie merveilleuse qui tisse le roman de fils impalpables.

L'amour conjugal d'Alberto Moravia : poétique, très bien écrit et simple à lire, ce roman analyse ici le mariage, au travers des yeux de Silvio Baldeschi, le narrateur qui se définit comme un esthète. Il a très peur de perdre sa femme, et la jalousie s'immisce peu à peu dans le couple...

Toutes nos mères de Margherita Giacobino : Margherita, la narratrice, est née fille dans une famille de femmes, elle représente l’avenir et la continuité… Une histoire qu’elle explore pour retrouver les êtres aimés : au premier rang se tient Ninin, origine et archétype, entourée de ses soeurs Maria, Margherita et Michin. Une porte ouverte sur la sociéte italienne des années 1950 à 1980.

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