ALBUM

de Didier Lévy et Bobi+Bobi

« Les parents aiment les enfants qui lisent. Ça les rassure, un enfant qui lit.

Ils se disent qu’il fera de bonnes études, qu’il aura un bon métier.

Une femme, des enfants. Qu’il s’occupera bien de ses parents quand ils seront vieux…

Ça donne pas vraiment envie de lire, tout ça. » 

Le héros de cet album, mauvaise foi en bandoulière , s’invente tout un tas de bonnes raisons pour expliquer son refus de la lecture : trop de pages, c’est écrit trop gros, ou bien trop petit (c’est pour les bébés), les livres sont la cause de la déforestation etc…

Mais au fil des pages (juste une vingtaine, aucune raison pour vous de ne pas les lire), il se rend compte que lire n’est pas si ennuyeux que cela, et que cela permet même de réfléchir ou tout simplement de rêver.

Une apologie de la lecture, originale et bourrée d’humour !

Chez Oskar éditeur

ROMAN NOIR

Victor Del Arbol. Actes Sud (actes noirs)

Un policier désabusé, poursuivi par les rumeurs autant que par sa propre conscience, est appelé au chevet d’une femme grièvement blessée dans un hôpital de la Corogne. Alors qu’on remonte le temps pour tirer l’écheveau qui a emmêlé leurs vies, leurs histoires (tragiques et sublimes) se percutent de plein fouet en une sorte de road movie sur une côte galicienne âpre et sauvage. Un flamboyant panel de personnages tourmentés pour diverses raisons, des histoires personnelles noyées dans la grande Histoire, entre dictature argentine et assassinat d’enfants, culpabilité et vengeance, chaque protagoniste traîne derrière lui un lourd passé. L’action se déroule en l’espace de quelques heures, un très court laps de temps durant lequel Victor del Árbol joue avec ce dernier, usant de flashbacks, de moments d’introspection, construisant autour de ses personnages une vie entière avec ses bonheurs et ses drames, en Espagne, en Allemagne, en Argentine. Victor del Árbol est un orfèvre du genre humain, il tisse des personnalités attachantes, psychologiquement justes et détaillées, et toute cette méticulosité contribue à créer des personnages réalistes, plus vrais que nature. Encore une fois, un roman foisonnant, touffu, dont le seul défaut est d’ être un peu trop court à mon goût, car on ne se lasse pas du style poétique et raffiné de l’auteur, tout à la fois fluide et délicat, et totalement adapté au récit, noir et tourmenté.

Prix Nadal en 2016 en Espagne (équivaut à notre prix Goncourt)