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Oedipe n'est pas coupable

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oedipaROMAN

de Pierre Bayard (Editions de Minuit)

Cold case au pays des Hellènes

Vous le savez certainement, les cold case ce sont ces vieilles affaires criminelles qui n’ont jamais été élucidées, la faute aux erreurs ou manques des enquêteurs, aux limites de la technologie d’alors ou à l’intelligence des criminels, et qu’on remet sur la table quelques années plus tard. Dans ce livre de Pierre Bayard, ce sont, comme dirait l’expression, de –très- longues années plus tard puisqu’il se penche sur une intrigue criminelle intemporelle, le meurtre de Laïos par son fils Œdipe dans la mythologie grecque.

L’histoire, on la connait plus ou moins : Laïos roi de Thèbes, sous le coup d’une malédiction lancé par le dieu Apollon, se voit prédire que son fils sera son futur assassin et partagera la couche de sa propre mère. Qu’à cela ne tienne, Laïos et Jocaste sa femme font exposer leur enfant dans la montagne afin qu’il y meure. Mais les dieux sont roublards et la fatalité inexorable, Œdipe survit dans une famille d’adoption, et apprenant une fois adulte d’un oracle la prédiction funeste qui le concerne, il décide de quitter ceux qu’il croit ses véritables parents : en chemin il se querelle avec un inconnu qu’il tue (son père) et libère la ville de Thèbes d’une malédiction en résolvant l’énigme de la Sphinge. En récompense, on le fait roi et il épouse la reine (sa mère). La prédiction est réalisée. Mais des années plus tard, afin de lever une nouvelle malédiction sur la ville (c’est cyclique, ces malédictions grecques…) il faut résoudre le meurtre resté impuni de Laïos : et arrive ce qui devait arriver, l’enquête menée par Œdipe roi dévoile le roi Œdipe comme coupable, celui-ci se crève les yeux et part en exil définitivement. C’est tragique, c’est beau comme de l’antique.

Mais l’auteur, avec pour seul matériau le texte de Sophocle, remet peu à peu en cause la version « officielle » : même pour une tragédie antique, beaucoup de détails ne collent pas dans cette histoire, et il analyse, comme dans une enquête criminelle, les faits et les déclarations des protagonistes. La lecture classique de la pièce est –elle la bonne ? L’interprétation plus que libre qu’en a fait Freud (avec son célèbre complexe d’Œdipe) n’a-t-elle pas renforcé encore la thèse officielle ? Tout comme dans un polar, c’est en lisant jusqu’au dénouement de ce livre vif et tellement original que vous découvrirez le nom du véritable coupable…

P.P.

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