Johnny s'en va-t-en guerre
un livre et un film de Dalton Trumbo
1918 : Johnny, le narrateur unique, est un soldat américain, atrocement mutilé après une explosion d’obus : amputé des quatre membres, sans visage, sourd, muet et aveugle, c’est un mort-vivant incapable de communiquer avec l’extérieur qui échoue dans un hôpital.
Les médecins ne voient en lui qu’un cas clinique végétatif qui n’est presque plus humain, un sujet idéal pour leurs traitements expérimentaux. Johnny est pourtant parfaitement conscient, cette conscience alternant entre les quelques sensations qu’il perçoit de l’extérieur et les multiples déchronologies de sa « vie d’avant ». Il réussit finalement à entrer en contact avec le monde extérieur grâce à la technique du morse et à la persévérance d’une infirmière : ce sera pour supplier qu’on l’achève, en vain.
Johnny got his gun est l’unique roman écrit par l’américain Dalton Trumbo. Paru en 1939, ce texte est taxé de défaitisme dans le contexte d’alors (la 2ème Guerre Mondiale), mais connait par la suite un énorme regain de popularité pendant le conflit du Vietnam, et devient la véritable bible des rassemblements pacifistes. C’est l’auteur lui-même, scénariste reconnu à Hollywood, qui l’adapte au cinéma en 1971, un long-métrage primé au festival de Cannes.
Œuvre antimilitariste avant tout, Johnny s’en va-t-en guerre est aussi un réquisitoire contre l’acharnement médical, et pour le droit à choisir sa mort. Malgré son propos difficile, le récit reste pudique et sans lourdeur, et pas du tout sordide.
Véritablement indissociable de son œuvre, Dalton Trumbo fut poursuivi pour ses sympathies communistes à l’époque de la « chasse aux sorcières » menée par le sénateur McCarthy dans les années 50 : il fit partie des « Dix d’Hollywood » qui refusèrent de collaborer devant la commission des « activités anti-américaines ». Il fut pour cela condamné à un an de prison, et dut s’exiler au Mexique pour continuer à travailler sous des identités d’emprunt. Sa vie a été adaptée à l’écran dans le biopic «Dalton Trumbo »
Un grand roman, un grand film, un grand bonhomme, à (re)découvrir… dans toutes les bonnes bibliothèques… PP
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